La santé mentale, un investissement
judicieux
« Je suis le genre de personne qui aime se fixer
des buts et les atteindre », dit James (Jim) Tremain,
membre de longue date du conseil d’administration du
Douglas et champion du dossier de la santé mentale. « Je
ferai tout en mon pouvoir pour appuyer l’Hôpital,
le Centre de recherche et la Fondation dans le cadre de leur
prochaine campagne majeure de financement. Ces dernières
années, des problèmes comme la violence conjugale,
l’alcoolisme, la violence envers les enfants, le cancer
et le sida ont été destigmatisés. Il
est temps d’en faire de même pour la maladie
mentale. »
« En comparaison avec le soutien offert pour
des maladies comme le cancer et le sida, continue-t-il, nous
manquons grandement de fonds pour faire la promotion des
enjeux liés à la maladie mentale. Un québécois
sur cinq est aux prises avec un trouble mental et la plupart
de ces gens ne demandent pas l’aide dont ils ont besoin.
Cette situation doit changer. »
La passion de Jim pour les enjeux de santé mentale
tient au fait qu’il a vécu l’effroyable
cauchemar de perdre un de ses enfants, décédé par suicide.
Sa femme Elizabeth (Kiki) et lui ont perdu la plus jeune
de leurs trois filles, Loretta, à l’âge
de 27 ans.
Lorsque Jim a pris sa retraite, il a cherché des
façons de partager son expertise de gestionnaire avisé en
marketing, en ressources humaines et en planification d’entreprise.
Convaincu de la nécessité d’une sensibilisation
populaire accrue aux questions de santé mentale, il
est devenu membre du conseil d’administration de la
Fondation en 1990. Il est entré au conseil d’administration
de l’Hôpital en 1993. Aujourd’hui, c’est
un des plus fervents promoteurs de la santé mentale.
Il se souvient avec fierté de sa fille Loretta. « C’était
un leader naturel, dit-il; elle était co-présidente
de son association étudiante. » Après
une pause, il sourit et ajoute : « C’était
le cerveau de son équipe de basket-ball. Même
si elle ne mesurait que 5 pi 9 po – ce qui est peu
pour une joueuse de basket – c’était elle
qui régnait sur le court. »
Mais lorsque Loretta a atteint la vingtaine, sa vie a changé.
Elle connut des problèmes de santé, la
maladie de Crohn, une inflammation des intestins. “Elle
avait perdu du poids, était de plus en plus
perturbée et elle glissa progressivement d’une
dépression moyenne au désespoir le plus profond.
Usée par la dépression et la douleur chronique
infligée par des fractures résultant de sa
première tentative de suicide, Loretta est décédée,
empoisonnée au monoxyde de carbone, en 1991.”
Alors que les difficultés de Loretta s’aggravaient,
Kiki vivait ses propres problèmes de santé mentale.
Elle avait commencé à ressentir des symptômes
de psychose en 1976. Même si elle avait cherché de
l’aide dès 1976, ce n’est qu’en
1999 qu’elle reçut le bon diagnostic de trouble
bipolaire, grâce à un psychiatre de l’Hôpital
Douglas, N.P. Vasavan Nair, M.D.
Malgré son combat de plus de vingt ans contre la
maladie mentale et trois épisodes divers de cancer,
Kiki a heureusement survécu – un fait que Jim
attribue à son immense détermination et à son
sens de l’humour. Lorsqu’elle se remémore
le passé, Kiki est convaincue que sa grand-mère
et sa tante souffraient également de maladie mentale.
Elle perçoit Loretta et elle-même comme les
dernières blessées d’une longue série
de combats menés par sa famille.
« Comme j’ai été homme d’affaires,
explique Jim, je suis particulièrement sensible à l’aspect
financier d’un problème. Par exemple, prenons
l’excellent programme PEPP-Montréal de l’Hôpital
Douglas qui vient en aide aux jeunes qui vivent un premier épisode
psychotique. J’ai demandé qu’on me donne
une estimation de ce que cela coûte de maintenir ce
programme, comparé à ce qu’il en coûterait
si ces jeunes attendaient plus longuement avant d’être
traités et s’ils n’avaient pas accès à cette
approche spécialisée. Je crois que cette estimation
va démontrer que PEPP-Montréal est de loin
la solution la plus rentable. C’est certainement une
solution plus humaine. »
Même s’il a éprouvé de la frustration
face au pauvre soutien du gouvernement, du monde des affaires
et des individus pour les enjeux de la santé mentale,
Jim constate une sensibilisation croissante et des occasions
d’évolution. « À Toronto,
j’ai visité avec des gens du Douglas, en mars
dernier, le Centre de toxicomanie et de santé mentale
(CTSM), et j’ai été très impressionné.
On s’apprête à y organiser un énorme
programme de sensibilisation pour l’année 2006-2007.
C’est magnifique!
« Durant notre séjour là-bas, j’ai
rencontré David Goldbloom, M.D., chef psychiatre du
CTSM. Il consacre toute son énergie à l’effort
de destigmatisation de la maladie mentale. Quant à Michael
Wilson, un ex-ministre des finances dont le fils est devenu
schizophrène et qui s’est suicidé, on
le voit constamment dans les médias pour sensibiliser
les gens aux enjeux de la santé mentale. »
Jim est très heureux de voir le Douglas participer à des
initiatives semblables, grâce à une coopération
accrue entre la Fondation, l’Hôpital et le Centre
de recherche. « Notre Fondation s’apprête à lancer
une campagne de financement de vingt millions de dollars,
la première levée de fonds de cette envergure
dans notre histoire. Nous sommes en mesure d’y apporter
le leadership nécessaire et de réaliser nos
objectifs.
« C’est un défi que j’ai hâte
de relever », conclut-il. |