Des
amies étudiantes luttent contre la stigmatisation
Intelligentes, curieuses et enthousiastes, deux étudiantes
diplômées de l’Université McGill,
Katarina Dedovic et Mehereen Wadiwalla, se sentent privilégiées
de travailler au laboratoire d’un de nos chercheurs,
Jens C. Pruessner, Ph.D., un leader canadien dans la recherche
sur le vieillissement du cerveau.
De plus, elles tiennent à être
partie prenante du rôle croissant
que joue le Douglas
dans la lutte contre les stigmates entourant la maladie mentale.
Il n’est donc pas étonnant que ces deux étudiantes
aient accepté de piloter la campagne de la Semaine Cerveau
en tête 2006. « Nous nous sommes dit qu'il serait
merveilleux de ramener au Douglas le leadership de cette activité,
spécialement parce que ce sont des étudiants
du Douglas qui ont parti la Semaine Cerveau en tête à Montréal,
explique Mehereen. C’étaient d’autres organisations
qui s’en occupaient depuis cinq ans. Comme Katarina et
moi sommes de bonnes amies, nous savions que nous aurions du
plaisir à coordonner cet événement
ensemble.»
Avec 37 membres de comités étudiants et d’autres
bénévoles, elles ont fait de la campagne 2006
un énorme succès, rejoignant 8 500 jeunes dans
122 écoles primaires et secondaires. Leur série
de conférences a aussi rejoint un auditoire de près
de 400 adultes, pour communiquer au grand public les plus récents
développements de la recherche en santé mentale.
Inspirées
par Sonia Lupien
Au départ, ni l’une ni l’autre n’envisageaient
une carrière en neurosciences. Au collège,
Mehereen voulait devenir avocate et Katarina pensait à la
médecine. Cependant, leurs plans se sont modifiés
pour de bon lorsqu’elles se sont inscrites à un
cours de l’Université McGill, « Hormones
et comportement », donné par une chercheuse
et une enseignante talentueuse du Douglas, Sonia Lupien,
Ph.D.
Mehereen se souvient: « Ce n’est pas tellement
ce que Sonia Lupien disait, mais la façon dont elle
le disait – avec une telle passion! Une véritable
force de la nature. Elle faisait vivre les neurosciences
sous nos yeux. Et elle m’a orientée vers Jens
Pruessner, ce dont je lui serai toujours reconnaissante.»
Katarina a eu la même réaction: « Elle
rendait les neurosciences passionnantes. J’ai réalisé que
c’était cela que je voulais faire de ma vie. »
Préjugés d’autobus
Maintenant que Mehereen étudie au Douglas et qu’elle
est consciente des talents de notre équipe de recherche,
c’est un message qu’elle rêve de répandre: « Trop
de gens ignorent que les meilleures recherches en santé mentale
au Canada sont faites ici même.»
Un récent tour d’autobus lui a rappelé l’ampleur
du travail à faire. « Je me rendais à l’Hôpital à bord
d’un autobus municipal, et j’ai entendu des élèves
du primaire chuchoter: « Ohhh… le Douglas! C’est
là qu’habitent les fous!
«
Lorsque l’autobus s’est arrêté à l’entrée
de l’Hôpital et que je me suis dirigée
vers la porte, un élève a chuchoté ‘Est-elle
folle, celle-là?’ Les jeunes me dévisageaient
par la fenêtre lorsque l’autobus est reparti.
«
J’aimerais que même les enfants comprennent que
la maladie mentale n’a rien d’humiliant et qu’ils
pensent au Douglas comme à un lieu stimulant où l’on
fait des découvertes en santé mentale. »
Beaucoup de jeunes en souffrent
Katarina rêve aussi de changements: « J’ai émigré de
Yougoslavie avec ma famille en 1995. En partie à cause
de la guerre, des Yougoslaves de tous les âges, y compris
bon nombre de jeunes, souffrent de problèmes de santé mentale.
Je constate des problèmes ici aussi au Canada. Beaucoup
de jeunes ne savent pas ce que leur réserve l’avenir
et se sentent déprimés et anxieux.»
Comme beaucoup de gens de sa génération, Katarina
connaît une étudiante qui a mis fin à ses
jours. « Elle était à peine plus âgée
que moi. Elle n’a pas trouvé le traitement dont
elle avait besoin. Je me suis dit: ‘Bon, c’est
le moment de m’impliquer.’ »
Stigmatisation en milieu universitaire
«
Dans la lutte contre la stigmatisation, ajoute Katarina,
il est important de souligner que le problème ne se
limite pas au grand public ou au monde du travail. Il sévit également
dans les cercles universitaires. Certains enseignants, par
exemple, peuvent se montrer très distants en apprenant
que des collègues ou des élèves prennent
des antidépresseurs. »
Ne cachez pas vos problèmes…
Katarina et Mehereen encouragent les gens qui éprouvent
des problèmes de santé mentale à poser
des questions. « Luttez contre la tentation de garder
ces problèmes en votre for intérieur, dit Katarina.
Parlez-en à votre médecin ou à d’autres
professionnels de la santé. Il y a tant de choses
qu’ils peuvent faire pour vous aider.»
Aux personnes qui côtoient des gens souffrant de troubles
mentaux, Mehereen suggère: « Faites preuve d’empathie.
Résistez à l’impatience et ne vous attendez
pas à ce que les gens affectés puissent simplement ‘tourner
la page’. Il arrive trop souvent que la société considère
les malades mentaux comme un fardeau.»
Passionnées par l’avenir, chacune des deux étudiantes
est décidée à laisser sa marque en neurosciences. « Je
veux être certaine que ma contribution fera une différence
et que j’aurai un impact sur le monde », lance
Mehereen, vivement approuvée par Katarina.
Nul doute qu’elles y arriveront.
Katarina et Mehereen souhaitent remercier l’ensemble
des bénévoles de la campagne Semaine Cerveau
en tête, y compris les personnes suivantes qui étudient
au Douglas: Irina AlKhairi, Diala Arzouni, Vincent Corbo,
Erin Dickie, Philippe-Olivier Harvey, Aleksandra Lalovic,
Valerie Leduc, Catherine Lord, Kelli McAllister, Matthew
Menear, Lindsay Naef et Leora Yetnikoff. Elles sont également
reconnaissantes pour l’appui que leur a assuré leur
superviseur, Jens C. Pruessner, Ph.D., ainsi que le personnel
de l’Hôpital, du Centre de recherche et de la
Fondation.
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