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Pour en savoir plus sur Heinz Lehmann, consultez les textes écrits en son honneur par ses collègues du Douglas, Charles H. Cahn, M.D. et Maurice Dongier, M.D.
 
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«Certains des nouveaux médicaments produisent des résultats remarquables ... Nous pouvons … traiter avec succès des patients qui, pendant dix ou vingt ans et même plus longtemps, ont résisté à toutes les thérapies et vivaient relégués dans les arrière-salles des hôpitaux pour malades mentaux comme incurables.»
— Heinz Lehmann, M.D., 1960

Premier médicament expérimenté sur les infirmières
Impatient de fuir l’Allemagne nazie, Heinz Lehmann, M.D., immigre au Canada et se joint à l’équipe de l’Hôpital en 1937. Parlant couramment l’allemand et le français, il pouvait lire les journaux médicaux européens inaccessibles à la plupart des médecins nord-américains. Un jour, il lit dans un rapport de recherche français un article traitant de la chlorpromazine. Même si ce médicament avait d’abord pour but d’atténuer le choc opératoire, il semblait également calmer les patients psychiatriques agités. Lehmann décide de l’expérimenter.

À cette époque, il était très simple d’organiser l’essai d’un médicament : Heinz Lehmann, M.D., a demandé à quelques infirmières si elles accepteraient de participer à un tel essai en prenant de la chlorpromazine. Il a administré aux volontaires des sédatifs à l’heure du déjeuner, puis les a soumises à des tests mathématiques et à des tests de performance. Quelques jours plus tard, il a répété l’exercice en leur administrant des comprimés de chlorpromazine. Bien que quelques-unes aient ressenti un certain malaise provoqué par l’hypotension artérielle, elles ont obtenu de très bons résultats. Heinz Lehmann, M.D., a également expérimenté le médicament sur lui-même.

Des résultats qui changent la vie des patients
En mai 1953, une jeune fille avait été admise à l’Hôpital parce qu’elle entendait la voix d’une camarade de classe qui menaçait de la tuer. Heinz Lehmann a alors décidé de la traiter en utilisant la chlorpromazine. Après trois mois de traitement, elle quittait l’Hôpital et retournait à l’école. Heinz Lehmann a aussi traité un homme atteint de schizophrénie  qui se parlait à lui-même et avait des périodes d’agitation sans raison apparente.

Après trois mois, il pouvait demeurer assis paisiblement, lire les journaux et parler rationnellement pour la première fois depuis son admission, 14 ans auparavant.  À la fin de 1953, la chlorpromazine était utilisée pour traiter 230 des patients de l’Hôpital. En 1957, environ 1 300 patients du Douglas (80 % de la population) étaient traités pour des psychoses à l’aide d’antipsychotiques. La nouvelle des travaux de Heinz Lehmann a entraîné dans toute l’Amérique du Nord une révolution dans les méthodes de traitement des troubles mentaux.

Réunions: Joyeuses et aigres-douces

Les familles et les proches des patients étaient extrêmement surpris face à cette embellie de leurs proches. Alors que la plupart en étaient enchantés, cela a également créé certaines situations délicates, particulièrement lorsque les maris de quelques patientes avaient divorcé et s’étaient remariés, présumant que leur épouse était hospitalisée pour le restant de sa vie. Plus d’une femme a recouvré la santé mentale pour découvrir qu’elle avait perdu son mari.

L’expérience des pissenlits
Dans les années 50, la plupart des médecins habitaient sur les terrains de l'Hôpital. Pour se rendre à son bureau, Heinz Lehmann devait traverser un grand terrain gazonné rempli de pissenlits. Un jour, il ramassa quelques pissenlits et les plaça dans plusieurs verres d'eau. Dans chaque verre, il ajouta un médicament différent : du sécobarbital, un sédatif de la famille des barbituriques; de la dextroamphétamine, un stimulant; de la chlorproazine, le premier des dérivés du phénotiazine; de la prochlorpérazine, un autre antipsychotique provenant du phénotiazine; de l'imipramine, un nouvel antidépresseur; et, à titre de contrôle, il garda un verre ne contenant que de l'eau.

Le jour suivant, les résultats étaient probants : les pétales du pissenlit sous l'influence du sécobarbital étaient fermés très serrés ; les pétales des fleurs dans les solutions de chlorpromazine et d'imipramine s'ouvraient un peu ; ceux qui se trouvaient dans la solution de  prochlorpérazine étaient ouverts normalement, mais ceux dans la solution de dextroamphétamine étaient ouverts plus que la normale. Cette expérience confirma donc que la chlorpromazine n'est pas comme les barbituriques et que certains dérivés de phénothiazine ont des effets sédatifs plus légers que la chlorpromazine. Quelle expérience ingénieuse!

Deuxième découverte: l’imipramine
En 1957, Heinz Lehmann écrit une autre page de l’histoire médicale. En lisant un article paru dans un journal médical publié en Suisse, il apprend que l’imipramine semble efficace dans le traitement des troubles dépressifs. Il fait venir par avion un échantillon du médicament et en fait l’essai sur des patients dans les semaines qui suivent. Chez les deux tiers environ des malades traités, la dépression est allégée ou disparaît complètement en moins d’un mois. À la suite de la publication de ces excellents résultats, l’imipramine sera largement utilisée dans toute l’Amérique du Nord.

 
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