En 1957, le personnel infirmier
de l’Hôpital ne comptait que 209 personnes
pour une population de 1 650 patients hospitalisés.
La moitié environ des membres du personnel étaient
des préposés aux soins ayant peu de formation
officielle. Leur connaissance de la maladie mentale et
des soins à donner aux patients venait surtout de
leur expérience de travail.
En 1958, on a changé leur titre de préposé(e)
aux soins à celui d’infirmière ou infirmier
auxiliaire. Les « auxiliaires » n’appréciaient
pas du tout cette appellation, dans la mesure où elles
et ils travaillaient en première ligne dans les
unités à dispenser des soins, donner des
médicaments, aider à motiver les patients
et plus encore.
Aujourd’hui retraitée, une infirmière
auxiliaire de cette période témoigne:
« J’ai commencé en 1962 comme infirmière
auxiliaire auprès des patientes du Pavillon Porteous.
Il fallait être forte physiquement et mentalement parce
que le travail était dur. Plusieurs des patientes
sur mon étage étaient incontinentes, alors
on passait notre temps à nettoyer. »
« On nous donnait d’immenses responsabilités.
Je distribuais des médicaments aux patientes et je
me rappelle même avoir dû calculer et mélanger
les quantités exactes de pénicilline en poudre.
« Je me souviens également avoir été seule
chaque soir pour m’occuper de 50 patientes. Quand vous étiez
toute seule dans une situation comme celle-là, vous
deviez être capable de garder la tête froide. »
« Si une patiente décédait, on devait
la laver et préparer le corps, l’envelopper
dans un linceul, remplir les documents et transporter la
défunte à la morgue de l’Hôpital,
un petit édifice situé près des serres … »
« Mais j’adorais le travail de soins infirmiers
en psychiatrie et j’aimais motiver les patientes. On
cherchait des domaines où elles faisaient bien et
on les encourageait à trouver leurs forces et à s’impliquer. À cette époque,
on appelait ça la thérapie de remotivation.
« Je n’ai pas choisi ce travail pour l’argent.
J’ai reçu 5 $ par mois jusqu’à la
fin de mon cours d’infirmière auxiliaire qui
a duré deux ans. Grâce à Dieu, les repas étaient
gratuits et on pouvait se loger dans la résidence
du personnel infirmier (Pavillon CPC). »
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